Le FBI veut espionner les réseaux sociaux

Après la récente fermeture de Megaupload, le célèbre Bureau of Investigation chercherait désormais à surveiller les réseaux sociaux et leur usage par des individus potentiellement dangereux.



Le FBI a mis en ligne sur le site du Centre Stratégique de l’Information et des Opérations (SIOC) un appel d’offre pour le développement d’une application “pour médias sociaux”. Cette dernière devra être capable d’espionner les contenus publics postés sur des réseaux sociaux tels que Facebook, Twitter ou encore Myspace. Il devra par la même occasion être en mesure de détecter certains mots et phrases clés renseignant sur un événement en cours ou susceptible de se produire.


L’application devrait permettre au gouvernement américain d’anticiper de possibles intentions terroristes ou de troubles de l’ordre public. Elle doit être, selon l’annonce en ligne, flexible et facilement adaptable à la prise en compte de nouveaux paramètres. Les résultats fournis permettront au FBI d’ajuster ses décisions stratégiques, par le décodage et l’interprétation des messages et des liens entre les individus.



L’application doit être accessible depuis le web, et devra se présenter sous la forme d’un portail. En plus d’être sécurisée (ça va de soi), elle ne devra pas être trop lourde. Elle fera appel à des recherches automatisées sur des sites de réseaux sociaux et d’actualités (nationales et locales) afin d’établir des liens entre des événements importants et d’éventuelles menaces, à l’aide de mots et de phrases clés. Autrement dit, elle devra être capable de scanner une sacrée base de données… Les sites évoqués sont ceux de Fox News, CNN, MSNBC, Twitter et Facebook.


Les données récupérées devront pouvoir être regroupées sur une carte, qui indiquera où les conversations se tiennent, et quels sont les lieux vers lesquels elles pourraient pointer. Les outils de cartographie cités sont : Google Maps, Google 3D Maps, ESRI et Yahoo Maps. Des calques définis par le FBI y seront ajoutés. Ces derniers seront alors principalement basés sur des activités terroristes déjà recensées, la fluidité des traffics routiers, les positionnements d’ambassades américaines et d’installations militaires, ainsi que les conditions météorologiques.


L’application intègrera un système de notifications instantanées pour les événements faisant l’actualité et les menaces émergentes. Ces alertes pourront être repérées en utilisant la géolocalisation, avec un code de couleur défini par le FBI en fonction de leur priorité.


Le FBI pense ainsi pouvoir prédire les actions futures prises par des individus suspects. En revanche, le Bureau n’a pas précisé quels seront les critères exacts pris en compte, ni comment l’analyse des alertes sera effectuée.


Alors que Facebook reste un réseau social assez restreint en termes de contenu public, Twitter est un flux continu d’informations. Comme le souligne très justement Meghan Kelly dans son article sur VentureBeat, Twitter est très souvent déclencheur d’informations importantes avant même que celles-ci ne soit considérées comme telles. L’exemple le plus flagrant est celui du consultant informatique pakistanais Sohaib Athar, qui avait tweeté sur la capture de Ben Laden avant même de savoir à quoi correspondaient les explosions qu’il entendait.


Le cybercrime est lui aussi une des cibles – néanmoins plus récente – du FBI. On pense notamment aux fameux Anonymous, qui ne cessent de faire parler d’eux en ce moment. Les hacktivistes utilisent énormément les réseaux sociaux (surtout Twitter) afin de faire criculer les informations au sujet de leurs attaques groupées. Au passage, le site du département de la Justice des États-Unis a été la cible des hackers la semaine dernière (et il semblerait que celui-ci soit toujours down à ce jour).


Ce projet préoccupe déjà beaucoup de monde quant au respect de la vie privée. On peut en effet se demander si le sentiment de liberté sur Internet tel que nous l’avons connu ne commencerait pas à perdre de son éclat avec de tels outils de contrôle. Les réseaux sociaux sont des endroits depuis lesquels de nombreuses personnes sont liées les unes aux autres. Si l’une d’entre elles venait à être surveillée par le FBI, il est fort probable que ses contacts (et les contacts de ses contacts…) finissent eux-mêmes, malgré leur innocence, par être ajoutés à une liste de surveillance du FBI.


Tout au long du cahier des charges de l’application, le FBI insiste énormément sur le fait que les données récupérées et traitées seront exclusivement open-source ou publiques. On y croit…


Les sociétés intéressées par le projet ont jusqu’au 10 février pour envoyer leur candidature.


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